18 janvier 2015

L'Unedic se vide... Bientôt des hordes affamées ?

L’organisme qui gère l’assurance-chômage prévoit un déficit qui se creuse et une dette qui explose. Tiendra-t-il encore longtemps dans un contexte où les chômeurs sont toujours plus nombreux ?

La présidente en personne, Patricia Ferrand, était vendredi 16 janvier à la présentation des prévisions financières de l’Unédic. Difficile de garder la face, car elle n’avait pas de bonnes nouvelles à communiquer. D’après les prévisions de l’organisme qui gère l’assurance-chômage, le taux de chômage devrait encore augmenter en 2015, à 10,3% (9,9% actuellement). La France devrait compter 104.000 nouveaux demandeurs d’emplois sans activité fin 2015.

Pourquoi ce pessimisme? Le retour de la croissance sera faible, autour de 0,8%; l’inflation stagnerait à 0,3%; et la progression moyenne des salaires avoisinera un petit 1%. Bref, pas de quoi créer assez d’emplois pour compenser l’augmentation de la population active. Ces prévisions rappellent les propos de François Hollande: "Est-ce que 1% de croissance suffit pour réduire le chômage en France? Non", avait-il affirmé lors d’un déplacement à Bruxelles en décembre.

Conséquences négatives de cette dégradation, le déficit de l’assurance-chômage devrait augmenter, atteignant 4,4 milliards d’euros cette année, contre 3,9 milliards en 2014. Déficitaire depuis 2009, l’organisme devrait donc voir sa dette culminer à 25,9 milliards l’an prochain, un chiffre qui représente 8 mois de recettes!
Une nouvelle convention chômage à effets contradictoires

Ces prévisions sont d’autant plus inquiétantes qu’une nouvelle convention chômage, en théorie plus économe, vient à peine d’entrer en vigueur en octobre dernier. D’un côté, elle met en place une restriction du régime des intermittents du spectacle et allonge le délai de carence des cadres qui quittent leurs entreprises avec des indemnités supra-légales. De l’autre, elle crée des "droits rechargeables" pour les salariés qui alternent des périodes d’activité et de chômage. Avec des effets contradictoires: si la convention permet de diminuer la dette de 1 milliard d’euros, les droits rechargeables entraînent l’indemnisation d’un plus grand nombre de travailleurs.

Changer de système?

Vincent Destival, le directeur général de l’Unédic, refuse de préciser à quel moment, à quel niveau, la situation de l’assurance-chômage deviendra insupportable. "L’Unédic est en capacité de jouer son rôle vis-à-vis des chômeurs", ajoute le représentant du Medef Jean-François Pilliard. "Mais l’assurance a été conçue dans le cadre de cycles avec des accidents de conjoncture. La question est posée: si l’on reste dans des croissances nulles avec des niveaux de chômage élevé, faudra-t-il changer le système?"

En attendant, la dette de l’Unédic devrait continuer à grossir: les partenaires sociaux, chargés de sa gestion, doivent se retrouver pour discuter de la future convention en 2016. Une première réunion entre syndicats et patronat est prévue en 2015 "pour réfléchir à la suite".

Léa Lejeune pour ChallengeSoir
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